LEXIQUE DES GENRES ET TERMES MUSICAUX


 

Ce lexique propose de courtes définitions des principaux genres et termes musicaux susceptibles d’apparaître dans les annuaires mais aussi dans les livrets de CD, les articles de revue ou la presse. 
Il n’a d’autre vocation que de donner une première information. Pour aller plus avant; il sera nécessaire de consulter des ouvrages spécialisés ou de lire attentivement les notes de pochette des disques qui délivrent souvent des informations précises et détaillées quand elles sont bien faites.

Ce lexique a été réalisé par François Bensignor et Jean-François Dutertre (avec le collaboration de Joël Bastenaire) pour Planètes Musiques (le guide des musiques et danses traditionnelles, édition 2000).
 

A - B - C - D - E -  F - G - H - I - J - K - L - M - N - O - P - Q - R - S - T - U - V - W - X - Y - Z


A


ACADIENNE (musique) : musique traditionnelle des minorités francophones des «provinces maritimes» du Canada (New Brunswick et Nova Scotia) qui se sont réinstallés après l’expulsion de 1755 (cf. «Cajun»). Ses caractères sont proches de ceux de la musique québécoise avec toutefois des particularités de langage, des styles spécifiques et des influences écossaises et scandinaves plus marquées.

ACHOUGH : troubadours arméniens ayant exercé leur art du XVIe au XIXe siècle.

AFROBEAT : style inventé par Fela au début des années 70 et popularisé à partir de son pays, le Nigeria. Il se caractérise par une polyrythmie hypnotique issue de la tradition Yoruba et une puissante section de vents héritée du jazz.

AHWASH : danses collectives, ou par extension les fêtes où sont pratiquées ces danses,  chantées ou jouées à la flûte avec accompagnement de tambour chez les berbères Chleuhs de l’Atlas marocain.

AL-JIL : pop égyptienne moderne qui s’inspire des rythmes de Haute Égypte et a pris son essor dans la foulée du raï des Cheb.

ALAP : prélude du raga indien, joué sans accompagnement de percussion.

ALÉKÉ : musique des Noirs marrons du fleuve Maroni, frontière entre la Guyane française et le Surinam. Accompagné de percussions, le chant responsorial évoque les sujets d’actualité à la manière du rap.

ANDES (flûte des) : genre inventé de toutes pièces par les musiciens andains exilés en Europe dans les années 60 et 70.

ARABESQUE : style de fantaisie populaire moderne apparu en Turquie dans les années 70, sorte de patchwork mélangeant les musiques classique et populaire turques avec le genre arabe des grandes étoiles égyptiennes comme Oum Kalsoum.

ARABO-ANDALOUSE (musique) : terme générique désignant la musique savante du Maghreb, qui s’appuie sur le système des noubas — suite d’œuvres vocales et instrumentales régie par une succession de rythmes et de mouvements selon un ordre précis — et un corpus de textes poétiques arabes post-classiques, les mouachah. Une dizaine d’écoles ont développé chacune la spécificité de leur tradition musicale par la transmission de maître à élève. Les principales sont : la âlâ (instrumentale) du Maroc ; le gharnâtî (de Grenade) du Maroc et de l’ouest algérien, notamment Tlemcen ; la çanaâ (artistique ou élaborée) du centre algérien, notamment Alger ; le malouf (composition ou habituel) de l’est maghrébin, notamment Constantine, la Tunisie et la Libye.

ASHIK (musique des) : poétes-chanteurs itinérants, les ashik de Turquie (que l’on retrouve en Azerbaïdjan et en Arménie) sont les héritiers des bardes turkmens (özan) venus d’Asie Central au XIe siècle. Ils accompagnent leurs chants au grand luth saz.

ASSIKO : danse et musique traditionnelles des Beti et des Bassa du Cameroun. Urbanisée, elle se joue généralement avec une guitare électrique saturée et diverses percussions dont l’indispensable bouteille frappée par un objet métallique.

AWASSA : danse traditionnelle de charme des Noirs marrons du Maroni exécutée par les plus belles femmes du village.

AZMARI (musique des) : les azmari, équivalent des griots en Éthiopie, perpétuent leur style dans les cabarets. Les instruments d’accompagnement sont le luth, la vièle, la lyre, voire l’accordéon.

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B


BAGAD : grand ensemble de musique traditionnelle bretonne comprenant bombardes, cornemuses et percussions.

BHARATA-NATYAM : style de danse classique de l’Inde du Sud.

BEKO : style vocal de la tradition des Antandroy de Madagascar. Ces longues ballades épiques à trois ou quatre voix étaient chantées à l’origine lors des veillées funèbres.

BELAIR (ou bélé) : genre traditionnel de divertissement aux paroles satiriques, voire polissonnes. En Martinique, tibwa et tambours juba ou belair accompagnent les figures de danse. On trouve également le belair dans les îles de Trinidad, Dominique et Carriacou.

BENGA : style lancé dans les années 60 au Kenya par Daniel Owino Misiani, qui s’inspire des rythmes ngoma de la tradition Luo. Il introduit une guitare électrique au jeu saccadé, une basse puissante et la pulsion inexorable d’une grosse caisse.

BIGI POKOE : style musical majeur des soirées dansantes de l’ouest de la Guyane française et du Surinam.

BIGUINE : forme de jazz instrumental créé en Martinique dans les années 20 et largement popularisé en Europe, notamment par le clarinettiste Alexandre Stellio.

BIKUTSI : danse des femmes Beti du Cameroun traditionnellement accompagnée au balafon, puis transposée pour la guitare électrique jouée en étouffant les cordes.

BLUEGRASS : style de musique traditionnelle très virtuose du sud des USA, dérivée de l’Old Time. Ses instruments sont essentiellement la guitare, le banjo 5 cordes, la mandoline, le dobro.

BLUES : genre devenu universel né aux USA dans la région du Delta du Mississippi, au sein de la communauté noire travaillant dans les plantations. Ce style rural trouve ses racines en Afrique, probablement dans les vallées du Niger et du Sénégal. C’est aujourd’hui un arbre multiforme, dont les schémas se perpétuent principalement dans le jazz, le R&B et le rock.

BOLERO : style cubain de chanson ou de danse populaire lente et sentimentale aujourd’hui répandu dans le monde entier.

BOSSA NOVA : le son de la «nouvelle vague» brésilienne des années 60, en opposition avec la musique par trop élaborée de la décennie précédente.

BÛTO (danse) : genre de danse savante du Japon.

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C Retour


CADENCE : musique de danse haïtienne apparue dans les années 40. Le saxophoniste Weber Sicot popularisa dans les années 50 la cadence rampa, rivale du compas direct.

CANDOUMBLÉ : danses et chants rituels liées au culte brésilien du même nom.

CAJUN (musique) : musique traditionnelle des Cajuns de Louisiane. Les Cajuns sont les descendants de la partie des Acadiens, ces populations françaises de l’est du Canada (aujourd’hui  les provinces du New Brunswick et du Nova Scotia) expulsées en 1755 par les Anglais, qui se réfugièrent en Louisiane. Leur musique est un mélange entre traditions françaises, traditions noires et américaines. Ses instruments de base sont le mélodéon (variété d’accordéon diatonique), le violon, la guitare et le triangle.

CALYPSO : genre populaire développé à Trinidad dans sa forme traditionnelle de l’abolition de l’esclavage à la fin du XIXe siècle. Intégrant les mélodies cubaines, la guitare espagnole et le parler créole, le calypso devient la forme d’expression libre la plus prisée du peuple, puis se modernise, obtenant des succès planétaires dans les années 50-60.

CAPOEIRA : sorte de danse en simulacre de combat sans arme dérivée des techniques de défense des anciens esclaves noirs du Brésil.

CARNATIQUE (musique) : musique savante de l’Inde du sud dont les instruments principaux sont la vîna (luth à quatre cordes mélodiques et trois bourdons) et le mridangam (percussion).

CENTRE (musique du) : ensemble des musiques traditionnelles des provinces du centre de la France —  essentiellement Berry, Bourbonnais, Nivernais et Morvan — devenue depuis les années 70 un véritable genre musical français. Les instruments emblématiques sont la vielle et les cornemuses dites «du Centre» (musettes du Berry et du Bourbonnais, grandes cornemuse du Nivernais), auxquelles s’adjoint souvent l ’accordéon diatonique. Elles peuvent rejoindre ou se distinguer des musiques d’Auvergne, du Rouergue et du Limousin.

CHÂABI : genre populaire né à Alger à la charnière des XIXe et XXe siècles, bousculant et assouplissant les règles strictes de la musique arabo-andalouse.

CHACHACHA : danse cubaine créée par Enrique Jorrin, s’inspirant du danzon, qui se dansera dans le monde entier dans les années 50.

CHAMAMÉ : genre musical et chorégraphique du nord de l’Argentine dont les instruments principaux sont l’accordéon et la guitare.

CHAMPETA : style des Noirs de la côte atlantique de Colombie s’inspirant des musiques africaines contemporaines : rumba, soukouss, afrobeat.

CHANGUI : l’une des formes du son dans la partie est de Cuba.

CHICHA : genre populaire moderne développé au Pérou, qui emprunte à la tradition huayno, à la cumbia colombienne et au rock. Chicha est d’abord le nom d’une boisson alcoolisée locale.

CHIMURENGA : style moderne nourri aux traditions des Shona apparu dans la Rhodésie des années 70. Il a contribué par ses proverbes chantés à la victoire de la « guerre de libération » (chimurenga en shona) et est identifié à l’honneur du Zimbabwe.

CHORO : l’une des plus anciennes musiques instrumentales du Brésil influencée par le fado portugais et les musiques européennes de salon.

CHOUVAL BWA : musique qui accompagnait les manèges de chevaux de bois en Martinique.

COLADEIRA : l’un des deux principaux genres du Cap-Vert qui s’est affirmé dans les années 60 par son rythme rapide et ses paroles humoristiques, portées sur la critique sociale, voire le sarcasme.

COMPAS : genre populaire moderne pour grands orchestres de danse élaboré après guerre à Haïti, dans l’esprit des grands orchestres cubains. En 1955, le saxophoniste Jean-Baptiste Nemours lance le compas direct, un balancement qui fait encore aujourd’hui le régal des danseurs. Se dit aussi des cycles rythmiques du flamenco.

CORRIDO : style très populaire dans les années 20 des deux côtés de l’actuel frontière entre les USA et le Mexique mélangeant l’accordéon des migrants de Bohème aux guitares espagnoles.

COUNTRY MUSIC : désignait à l’origine les musiques traditionnelles des communautés blanches du sud des USA. Le terme est utilisé aujourd’hui pour définir la musique de variété de cette même région, dérivée du Bluegrass et de l’Old Time.

CUMBIA : genre de musique de danse paysanne s’appuyant sur des rythmes chauds et des mélodies syncopée. Née en Colombie, elle a rencontré son plus grand succès au Mexique. Sa version urbaine modernisée s’inscrit dans la lignée du mambo et de la salsa.

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D


DANCEHALL : genre populaire apparu en Jamaïque dans les années 80, découlant du reggae mais d’inspiration rap, qui véhicule souvent l’attitude dite slackness violente et machiste.

DANZON : musique cubaine d’influence européenne, dont les racines sont à trouver dans les contredanses françaises, où les violons et la flûte tiennent une place prépondérante.

DASTGÂH : structure modale de la musique persane comportant un ou plusieurs modes anciens dits maghams. La musique traditionnelle persane comprend sept dastgâth-s.

DHIKR : litanie chantée à la gloire de Dieu par les confréries mystiques dans toute l’Afrique du Nord.

DIPHONIQUE (chant) : émission particulière de la voix permettant d’obtenir plusieurs notes en même temps en jouant sur les harmoniques d’une fondamentale comme pour une guimbarde (d’où aussi le nom de «voix-guimbarde»). Cette émission est particulièrement répandue en Asie centrale (notamment en Mongolie, Touva, Tadjikistna) et en Sibérie. Elle est parfois liée au chamanisme mais elle peut être aussi une technique vocale au service d’un répertoire de chansons ou un simple divertissement.

DHRUPAD : style musical savant de l’Inde du nord essentiellement chanté ou interprété à la vichitra vîna.

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F


FADO : complainte portugaise aux amples développements vocaux pleins d’émotion. Apparue dans sa forme première au XIXe siècle parmi la communauté du Brésil, elle marque le Portugal et la lusophonie de l’empreinte musicale de la saudade, expression unique du sentiment de profonde mélancolie.

FASIL : genre de musique semi-classique ottomane chantée.

FLAMENCO : genre espagnol apparu en Andalousie au milieu du XIXe siècle, composé de textes poétiques, letras, et de différentes formes de chant auxquelles sont associés des rythmes spécifiques, compas. Les artistes y développent l’art du chant, de la guitare et de la danse. De tradition orale, le flamenco n’a cessé d’évoluer depuis un siècle et demi.

FORRO : musique à danser de la province du Nordeste au Brésil entraînée traditionnellement par le soufflet joyeux ou plaintif de l’accordéon, un triangle et un tambour.

FUJI : genre hérité des rythmes associés à l’Apala, tradition rituelle des Hausa islamisés du Nigeria, modernisés par Barrister, qui s’inspira d’une carte postale du Fuji-Yama pour le nommer.

FUNANA : danse rustique du Cap-Vert, dont l’appel à la transe est attisé par le ferrinho (barre métallique raclée par un couteau) et le soufflet de l’accordéon. Sa version moderne est la reine des bals.

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G Retour


GAGAKU : musique instrumentale savante japonaise, tantôt dansée, tantôt chantée.

GAMELAN : musique des grands ensembles fondés principalement sur des métallophones (lames et gongs) de l’archipel indonésien et principalement à Bali et à Java.

GNAWA (musique des) : musique des confréries mystiques du Nord du Sahara (Maroc, Algérie) descendant d’esclaves noirs affranchis. Dirigé par un maâlem (maître), les gnawa (singulier gnawi) chantent au son du luth gumbri, des grandes castagnettes métalliques crotales ou karkabou, des grands tambourins bendir et des grands tambours t’bal. Au cours d’une lila (cérémonie), les danseurs peuvent atteindre un état de transe et la musique est généralement employée pour les rituels de guérison.

GRIOT : voir «Mandingue (musique)».

GUAJIRA : musique cubaine paysanne d’origine espagnole qui a pénétré les salons de toute la Caraïbe dans les années 50-60 grâce au talent de Guillermo Portabales.

GWO KA :genre traditionnel englobant chant, danse et musique, des populations noires de Guadeloupe et auquel sont intimement associés les tambours ka et boula, le gros hochet calebasse chacha et parfois le triangle et le siac (long bambou cannelé).

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H


HAWZI : répertoire intermédiaire entre la musique arabo-andalouse au développement très long et la musique populaire faite de courtes pièces.

HIGHLIFE : né dans les années 20 sur la Gold Coast, actuel Ghana, cette musique des clubs chics, qui fit fureur au Nigeria, mêle la sophistication du jazz aux romances paresseuses de la côte du Golfe de Guinée avec un zeste de mélodies caraïbes et des guitares électriques sur les rythmiques osibi des Ibos et des Akan.

HUAPANGO : genre populaire mexicain jouée dans le centre et sur la côte du Golfe du Mexique selon plusieurs variantes et connu dans le monde entier par La Bamba.

HUAYNO : la véritable musique populaire des Andes, qui prend ses racines dans le fonds culturel d’avant la conquête du Pérou avec ses voix perçantes.

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I


IGGAWIN (musique des) : équivalent des griots, ces troubadours généalogistes de Mauritanie pratiquent un art consommé de la poésie et des modes musicaux complexes. Ils s’accompagnent principalement à la harpe ardin et au luth tidinit.

INDIENS D’AMÉRIQUE (musique des) : les descendants des populations qui vivaient sur le continent américain avant l’arrivée des européens, perpétuent des traditions musicales vieilles de millénaires demeurées attachées aux cérémonies consacrées aux divinités ou à des jeux vocaux, comme chez les Inuits du grand nord. Ces musiques sont essentiellement vocales, accompagnées de tambours et de hochets.

ISCATHAMIYA : style vocal d’Afrique du Sud, également appelé bube ou m’bube, jeu choral aux messages édifiants parfaitement illustré par les harmonies de l’ensemble Ladysmith Black Mambazo.

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J


JUJU MUSIC : style moderne héritier des grands ensembles de tambours et de chœurs qui accompagnaient autrefois les rites vaudous dans la tradition des Yorubas des actuels Nigeria et Bénin. Instrument caractéristique, le tambour parlant gbedun énonce des proverbes, auxquels répond le chœur.

JOROPO : danse du Venezuela dans laquelle un rythme binaire se superpose au rythme ternaire de base.

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K


KAN HA DISKAN : forme de chant responsorial breton servant aussi bien à la danse qu’au récit ou au divertissement.

KANEKA : mouvement musical de Nouvelle-Calédonie s’appuyant sur les traditions kanake mélangées à des influences de reggae et de blues.

KASSEKO : musique et danse traditionnelles de Guyane accompagnée de tambours, évoquant le gwo-ka de Guadeloupe par certains aspects.

KATHAK (danse) : style de danse classique de l’Inde du Nord.

KATHAKALI : théâtre dansé dévotionnel de l’Inde du Sud (Kerala).

KLEZMER : musique de mariage et de fête importée aux États-Unis par les juifs Ashkénazes d’Europe orientale, puis développée et modernisée, notamment par des apports du jazz, dans la communauté new-yorkaise, qui l’a remise au goût du jour en Europe et en Israël.

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L


LLANERA (musica) : genre spécifiques aux vastes plaines des Llanos entourant le bassin de l’Orénoque au Venezuela et en Colombie. L’orchestre est généralement constitué d’une voix, d’une harpe, d’une guitare, d’un quatro et de maracas. Le contrapunteo est une variante où deux chanteurs rivalisent en improvisant leurs paroles.

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M Retour


MACUMBA : rituel brésilien importé d’Afrique.

MAGHAM : voir « Maqâm ».

MAHJUZ : genre musical citadin de Constantine en Algérie.

MAKAM : système modal de la musique ottomane combinant une échelle musicale, un itinéraire mélodique et des motifs spécifiques (voir maquam).

MAKOSSA : genre moderne élaboré dans les années 50 à Douala, grand port et capitale économique du Cameroun. Electrifié par la suite, il mélange les influences du highlife aux rythmes traditionnels de l’ambas bey des Douala et se métisse volontiers de rumba congolaise (notamment au niveau des guitares). Manu Dibango y a introduit une touche funky très américaine.

MALHUN : poésie populaire chantée citadine développée sur une trentaine de genres musicaux en Algérie et au sein des corporations masculines d’artisans au Maroc.

MALOYA : genre traditionnel développé à la Réunion dans la communauté des Cafres, descendants d’esclaves noirs. Il puise ses origines dans les rites du culte des ancêtres, kabaré. Il en constitue le principal moment de danse, accompagné par le rouleur, tambour trapu, l’arc musical bobre, le triangle et le fameux kayamb, hochet rectangulaire fait de tiges de canne à sucre remplies de graines.

MAMBO : musique de danse rapide apparue au Mexique sous la baguette du pianiste cubain Damaso Perez Prado, développée à Cuba dans les années 40, puis par les big-bands notamment à New York.

MANDINGUE (musique) : terme englobant l’ensemble des musiques produites dans l’ère culturelle délimitée par l’Empire Mandingue au XIVe (Gambie, Sénégal, Guinée, Mali…). Perpétué et enrichi par la caste des djeli (griots) attachée à celle des horon (nobles) — pour qui les griots sont les musiciens, généalogistes, chroniqueurs, conseillers, portes paroles… — le fonds musical mandingue est un trésor raffiné de mélodies, de contes épiques et édifiants, ainsi que d’instruments : kora, balafon, luths, percussions de toutes sortes… Cette ancienne musique de cour constitue une source intarissable d’inspiration pour les musiciens modernes.

MAQÂM  : structure modale de la musique savante arabe. Le maqâm associe une échelle musicale évoluant selon une structure mélodique liée à des points de repère, un sentiment et une symbolique. Le terme et le concept sont communs aux musiques persane, arabe et turque. Dans la musique persane, le maqâm ou magham est caractérisé par trois notes : la note témoin (shâhed) base de la progression mélodique, la note variable (moteqayyer) dont la hauteur varie au cours du mouvement et la note d’arrêt sur laquelle se fonde toute interruption de la musique. La note d’arrêt final est suivie d’un motif (foroud) servant à revenir à l’intonation initiale (cf. «Radif»).

MAQÔM : désigne en Asie centrale soit une suite de pièces groupées dans une ordonnance modale précise (le terme renvoie alors à une notion parente du maqam), soit une genre spécifique de musique classique comme le Shash-maqôm en Ouzbékistan.

MARIACHI :grand orchestre mexicain constitué à l’origine de violons, harpe et guitares acoustiques (de la petite à la très grosse basse). L’entrée des trompettes a plus tard fait disparaître la harpe.

MASSIF CENTRAL (musiques du) : musiques traditionnelles de la grande aire musicale incluant l’Auvergne, le Rouergue et le Limousin.

MBALAX : genre traditionnel des Wolofs du Sénégal, interprété à l’origine par des ensembles de percussions, dont le sabar est le tambour emblématique, et perpétué aujourd’hui sous cette forme (cf. Doudou N’Diaye Rose). Modernisé vers la fin des années 60, le mbalax conserve son balancement particulier qu’il soit teinté de soul, de rock, de soukouss ou de musique cubaine.

MBAQANGA : genre moderne né dans les bars clandestins des townships d’Afrique du Sud sous le régime d’apartheid au milieu des années 60. Cette musique littéralement «fait maison» (mbaqanga en zoulou) mélange les sonorités pop au groove des danses traditionnelles enluminées de syncopes.

MENTO : musique populaire jamaïcaine des années 50, au doux balancement syncopé et aux messages impertinents, assez proche du calypso.

MERENGUE : musique de danse de Saint-Domingue très proche de la méringue haïtienne dans sa version traditionnelle, puis popularisée dans sa forme moderne dans tout le monde américain, avec des orchestrations assez semblables à celles de la salsa.

MÉRINGUE : danse haïtienne héritée d’anciennes danses européennes.

MERDOUM : style de chant et de rythme soudanais de la région du Kordofan, popularisé par Abdel Gadir Salim.

MILONGA : complainte traditionnelle du gaucho argentin.

MODES : systèmes musicaux alliant échelles, rythmes, type mélodique et sentiment. Ces systèmes prennent des formes diverses et variées : raga-s en Inde, maqâm pour les musiques perses (ou maghams), arabe et turque, maqôm en Asie centrale, mugam en Azerbaïdjan, magham en Irak, diêu au Vietnam... La modalité régne sur la quasi totalité des musiques traditionnelles savantes et populaires du monde ainsi que sur une grande partie des musiques traditionnelles européennes. En Occident, on utilise souvent une terminologie adaptée des grecs et du plain-chant (modes dorien, éolien, ionien, mixolydien...) ou s’appuyant sur la hauteur relative de la note d’intonation (mode de ré, mode de la, mode de sol...).

MORNA : chanson mélancolique et poétique, symbole de l’expression de l’âme capverdien à travers la saudade. Depuis le début du XXe siècle, ses airs poignants transportent les paroles des poètes sur les accords du cavaquinho, de la guitare, du violon et du piano.

MUGAM : structure modale d’Azerbaïdjan formée d’une suite de séquence mélodiques  vocales et instrumentales exploitant un mode principal (dastiag) et des modes secondaires (shobe).

MUSETTE : genre populaire parisien issu de la rencontre, dans les bals du quartier de la Bastille, entre les cabrettaires auvergnats (joueurs de cabrette, la cornemuse d’Auvergne) et les accordéonnistes italiens. Ce genre prit sa forme définitive sous les doigts d’Emile Vacher. Le musette est surtout une musique de bal.

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N


NUEVA CANCION : nouvelle chanson populaire politique développée au Chili dans les années 60. Elle a aussi ses adeptes en Argentine.

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O


OLD TIME : musique traditionnelle vocale et instrumentale du sud des USA, principalement des communautés blanches des Appalaches, et constituée sur un substrat britannique avec des influences d’autres traditions européennes ou provenant du blues. Ses instruments principaux sont le violon, le banjo 5 cordes, la guitare, le dulcimer et l’autoharp. Elle a donnée naissance au Bluegrass et marque de son empreinte la Country Music.

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P


PALM-WINE MUSIC : sorte de folk africain au balancement nonchalant que l’on retrouve tout le long du littoral nord du Golfe de Guinée, depuis le Togo jusqu’à la Sierra Leone, principalement dans les bars populaires où l’on sirote le vin de palme.

PIBROCH : genre particulier de la musique traditionnelle écossaise pour cornemuse consistant en une suite de variations sur un thème donné et comportant des ornementation de plus en plus complexes.

POLYPHONIES VOCALES : musique vocale se fondant sur des associations simultanées de sons considérés comme consonants. Loin d’être l’apanage de la musique savante occidentale, la polyphonie vocale est répandue dans de très nombreuses régions du globe. Elle utilise tous les types de consonances, que ce soit la quinte (Corse, Sardaigne...), la tierce (Italie, Béarn...), la tierce mineure (Afrique), voire la seconde (Istrie, Epire...). Les polyphonies vocales sont répandue en Europe, surtout sur le pourtour méditerranéen (Corse, Sardaigne, Italie, Croatie, Grèce, Albanie...) et en Europe centrale (Roumanie, Bulgarie), en Géorgie, mais aussi en Béarn, Pays basque, Murcie, Alentejo... Elle règne sur une partie de l’Afrique sub-saharienne, en Polynésie, et jusqu’en Asie (Taïwan).

PORROS : musique de tradition rurale répandue au Venezuela et en Colombie, généralement interprétée par des fanfares.

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Q Retour


QAÇIDA : genre musical bédouin composé d’un commentaire parlé, de vocalises sur bourdon et soli de flûtes, et d’une partie rythmée.

QAWWALI : musique des Qawwal, musiciens traditionnels musulmans du sous-continent indien, qui chantaient à l’origine exclusivement dans les sanctuaires des grands ancêtres, lors de cérémonies sous la direction du Pir, maître spirituel du lieu, successeur désigné du grand ancêtre. Le but de ce concert mystique, sama, est de provoquer l’extase en répétant le vers chanté au son de l’harmonium et des claquements de mains dont le rythme s’accélère progressivement. Sorti des sanctuaires, le chant qawwali a pris une dimension extraordinaire grâce au talent incomparable de Nusrat Fateh Ali Khan.

QUÉBÉCOISE (musique) : musique traditionnelle des populations francophones, à majorité normande et poitevine, du Québec. Si la chanson traditionnelle est directement dérivée des traditions françaises, la musique instrumentale est un mélange entre les répertoires français anciens et les traditions irlandaises et écossaises.

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R


RA-RA : musique de rue au rythme soutenu, originaire des musiques de transe jouée lors des rites vaudous en Haïti, accompagnant les défilés de carnaval.

RADIF : ordonnancement modal de la musique persane. Le radif comporte douze suites (dastgâh-s, avâz). Chaque dastgâh ou avâz comporte un ou plusieurs modes fixes dit maghams constitués d’une suite immuable de courtes séquences mélodiques (gousheh).

RAGA : structure modale de la musique indienne. Un raga peut être défini par quatre critères fondamentaux : échelle modale dont les pentes ascendantes et descendantes peuvent être identiques ou différentes, hiérarchie des degrés dans l’échelle modale, formule ou motif mélodique, sentiment modal.

RAÏ : dans son acception traditionnelle, répertoire populaire et rural de la région de l’Oranais en Algérie, exprimant une opinion (c’est le sens du mot raï) au son des flûtes gasba et du gellal, tambour long et étroit.

RAKS SHARKI : genre de musique et de danse traditionnellement interprété dans les mariages, notamment en Égypte, mieux connu en Occident sous le nom de « danse du ventre ».

RANCHERA : style caractéristique de la musique mexicaine véhiculée par le cinéma avec ses «ay-ay-ay» !

RASIN (mizik) : musique revendicative prônant le retour aux racines africaines de la culture haïtienne, sorte de vaudou-rock promue par la jeunesse concernée après le « déchouquage » de Baby Doc.

REBETIKO (ou rembetika) : genre pratiqué à l’origine au sein de la communauté grecque de Turquie chassée par les troupes d’Atatürk après l’agression des Grecs dans les années 20. Pleine d’influences ottomanes, cette musique jouée dans les bar où l’on fumait le haschisch fut réprouvée en Grèce, jusqu’à sa réhabilitation et sa renaissance dans les années 70.

REGGAE : genre apparu à la fin des années 60 en Jamaïque dans la lignée du mento et du ska, aujourd’hui répandu sur toute la planète grâce à son prophète Bob Marley.

RUMBA : genre traditionnel afrocubain impliquant à l’origine seulement le chant, la danse et les percussions, notamment associé aux rites de la santeria. Dans le courant du XIXe siècle, cante jondo et tambours bantous donnent naissance à la rumba brava. Le terme rumba popularisé dans les années 50 désigne en fait la version moderne orchestrée du son.

RUMBA CONGOLAISE : élaboré au début des années 50 dans les capitales jumelles des deux Congos (Brazzaville et Léopoldville devenue Kinshasa), ce style s’inspire des musiques cubaines avant d’évoluer progressivement vers un genre africain à part entière, caractérisé par les harmonies chantées en lingala, l’importance des guitares électriques rythmique et soliste, la ponctuation des cuivres, les percussions et l’absence de batterie.

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S


SAIYIDI : musique traditionnelle à messages de la haute vallée du Nil en Égypte.

SALEGY : style traditionnel des Sakalava, qui occupent majoritairement la côte ouest de Madagascar depuis cinq siècles. Dans sa forme modernisée, la guitare remplace le valiha, la batterie le tambour, l’orgue l’accordéon, mais l’on danse toujours sur une rythme en 6/8.

SALSA : genre créé par les artistes cubains et latino-américains émigrés à New York après la révolution castriste, puis popularisé dans le monde entier par Jerry Masucci, fondateur du label Fania. La salsa est aujourd’hui la musique latine internationale.

SAMBA : la reine des carnaval au Brésil, son rythme s’inspire de ceux du semba qui a voyagé avec les Noirs depuis l’Angola.

SAWAHILI : musique égyptienne traditionnelle populaire de la côte méditerranéenne.

SEAN NOZ : style vocal traditionnel irlandais a capella avec un répertoire essentiellement gaélique.

SEGA : genre commun aux îles de l’Océan Indien (Maurice, Réunion, Seychelles…), qui accompagnait les rites des Africains déportés avant de devenir une simple chronique orale de la vie sociale. Triangle, tambour et hochet en tiges de canne à sucre produisent ce vertige cyclonique ternaire caractéristique du séga traditionnel.

SEGGAE : courant répandu à partir de l’Ile Maurice vers la fin des années 80, mariant les orchestrations et les messages du reggae au balancement typique du sega traditionnel, alors laissé pour compte.

SEMA : concert spirituel des Soufi, notamment des derviches tourneurs en Turquie.

SHÔMYÔ : chant liturgique bouddhique japonais.

SKA : style apparu en Jamaïque à la fin des années 50, à la croisée du mento et du R&B, accentuant exagérément la syncope du boogie-woogie de la Nouvelle-Orléans. Apprécié en Angleterre, il y est baptisé blue-beat dans les années 60.

SOCA : version modernisée, électrifiée et accélérée du calypso, très populaire à Trinidad.

SON : genre né à Cuba dans la province de Oriente à la fin du XIXe siècle et qui s’est répandu sur tout le territoire avec les forces luttant pour l’abolition de l’esclavage. Développé dans les années 20 et 30 par le mouvement Afrocubanismo pour la revalorisation de la culture noire à Cuba, le son connaît un immense succès en Amérique du Nord sous le nom de rumba. On redécouvre aujourd’hui certains des artistes qui ont fait sa légende dans les années 40 et 50.

SOUFI (musiques) : terme générique désignant les musiques qui accompagnent les rituels des diverses confréries de Soufi implantées dans le monde musulman, depuis le qawwali au Pakistan, jusqu’aux musiques des confréries du Maghreb, en passant par les derviches de Turquie. Le dénominateur commun de ces musiques est de permettre à ceux qui la pratiquent l’accès à un état d’extase mystique.

SOUKOUSS : prolongement de la rumba congolaise, le soukouss en restaure et en modernise la construction, introduisant notamment la batterie et le sébéné, animation instrumentale dansante qui permet au guitariste soliste de déployer toutes les facettes de son talent.

STEELBAND (musique de) : inventés à Trinidad, les steelbands sont constitués de pans, instruments à percussions fabriqués à l’origine à partir de fûts de pétrole. Chaque année, le carnaval de Trinidad est l’occasion d’un concours où s’affrontent les meilleurs steelbands de l’île.

SUNDA (musique) : musique de chambre, vocale et instrumentale, du Pays Sunda à Java. Ses instruments sont les cithares kacapi indung et kacapi rincik, la flûte suling et la vièle rebab.

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TAARAB : descendant direct de la musique arabe classique, ce genre a pris une certaine autonomie dans les anciens sultanats de Zanzibar et Dar Es-Salaam (actuelle Tanzanie), de Mombasa (actuel Kenya) et aux Comores (où on l’appelle twarab), en substituant la langue swahili à l’arabe.

TAQSIM : improvisation instrumentale présentant un maqam arabe.

TANGO : genre de musique et de danse dont Borges dit qu’elle « est née dans les bordels » de Buenos Aires au son du bandonéon. Gardel en a fait l’un des genres populaires les plus sophistiqués du XXe siècle et Piazzola lui a forgé les clés de son évolution.

TEX-MEX : genre populaire dansant développé entre Texas et Mexique, où l’accordéon mène le bal sur un rythme de polka et qui aborde d’importants sujets de société : boire, mentir, tricher… De l’autre côté du Rio Grande, où elle porte le nom de norteño, cette musique est chantée dans un style plus nasillard.

TINDÉ : forme musicale des Touareg, dont le chant responsorial est accompagné par le tindé, mortier recouvert d’une peau en guise de tambour.

TOCCATA : ensemble instrumental portugais comprenant, en général, une accordéon, un concertina, un tambour, une guitare, un triangle et un reco-reco.

TROVA : style de chanson des « troubadours » apparu à Cuba dans la province de Oriente à la fin du XIXe siècle. Elle excelle à conter les incurables peines de l’amour blessé.

TSIGANES (musiques) : terme générique qui désigne généralement les musiques jouées par les Tsiganes en Europe de l’est et dans les Balkans. Elles s’inspirent à l’origine des traditions locales, mais sont interprétées avec tout le savoir accumulé par ces musiciens professionnels nomades. Dans leurs instrumentations, on trouve violon, accordéon, clarinette, guitare, tambour en forme de sablier et fanfares.

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V


VALLENATO : splendeur de l’accordéon de la côte atlantique de la Colombie, ce style joue sur l’interaction de rythmes africains avec des douces mélodies développées sur toute l’amplitude de la gamme.

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W


WAHRANI : genre musical oranais influencé par la musique égyptienne.

WASSOULOU (musique du) : style développé dans la région du Wassoulou au sud-est du Mali, puisant dans la tradition des musiques de chasseurs. L’instrument emblématique de sa version moderne est le kamelen ngoni, harpe à six cordes traditionnellement jouée par les jeunes garçons.

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Z


ZIGLIBITHY : musique et danse traditionnelles des Bété de Côte d’Ivoire, modernisées et popularisées dans les années 70 par le chanteur guitariste Ernesto Djédjé, pionnier de ce genre de démarche dans son pays.

ZOUK : désigne à l’origine une fête de campagne où l’on danse aux Antilles. Puis un genre musical apparu vers la fin des années 70 entre les Antilles et les studios parisiens, où Jacob Desvarieux et Pierre-Edouard Décimus se mélangeaient avec les artistes africains du makossa et du soukouss. On peut dire que le zouk est la création des deux fondateurs de Kassav.

ZULU TRADITIONAL : style hérité des musiques et danses traditionnelles des Zoulou d’Afrique du Sud, à l’instrumentation généralement très économe (guitare sèche, concertina, violon et percussions…), les vocaux et la danse lui donnant toute sa force. 

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